

Bilan du Caucus Africain à Bangui
Par Gilles DELEUZE l LNC
C'est du 30 Juillet au 2 Août 2025 que la République centrafricaine a acceuilli la 20eme édition du Caucus africain à Bangui sur le thème: « Infrastructures résilientes, capital humain et richesse verte : leviers indispensables pour une croissance forte, inclusive et durable en Afrique ». Aussi la réunion annuelle des ministres des finances du continent a permis aux participants d’adopter la Déclaration de Bangui et à demander une augmentation des financements octroyés par les institutions de Bretton woods. Après plusieurs mois de préparation, Bangui a abrité le Caucus Africain. Créé en 1963, le Caucus africain est un rendez-vous annuel de haut niveau. Il permet au continent de définir ses priorités avant les Assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale, prévues cette année en octobre à Washington. Enjeux financiers, réforme des institutions internationales, dette, climat, transition énergétique : autant de sujets débattus à Bangui dans un contexte mondial marqué par l’inflation, les crises sécuritaires et les effets du changement climatique. “La République Centrafricaine s’honore d’abriter les assises du Caucus Africain 2025. C’est donc avec un grand plaisir et un sentiment profond d’honneur que je prends la parole ce jour, en ces lieux devenus, pour l’occasion, le sanctuaire du dialogue africain, afin de vous adresser au nom du peuple centrafricain et en mon nom propre, nos salutations fraternelles les plus chaleureuses sur la terre hospitalière de la République Centrafricaine.” Faustin Archange TOUADERA, Président de la République – Centrafrique Accueillir le Caucus Africain, est une première en Afrique Centrale. Un travail de longue haleine pour les autorités centrafricaines qui ont dû, de Washington à Bangui, mener beaucoup de tractations pour arriver à s’imposer face à d’autres pays, plus habitués à organiser des événements internationaux aussi prestigieux. “Dans le cas de la République Centrafricaine je peux vous dire que lorsque nous nous sommes positionnés pour pouvoir organiser cet événement beaucoup n’y croyaient pas parce que nous savons que le gap infrastructurel que nous avons, les infrastructures d’accueil ne sont pas encore au point et dans les normes forcément attendues. Les défis de connectivité, les défis d’ouverture du pays à travers son réseau sur le transport aérien, etc. Donc, autant d’éléments qui, si vous voulez, ne donnaient pas confiance à l’ensemble donc des participants et des institutions. Mais, nous avons été fortement soutenus au final lorsque nous avons indiqué que nous ferions le maximum pour pouvoir accueillir cet événement.” Hervé NDOBA, Ministre des Finances du Budget, Président du Caucus africain 2025 – Centrafrique Derriles les débats, un autre défi s’est joué en coulisses, celui de la logistique. Acheminer et installer des tentes, du matériel audiovisuel, informatique et de conférence jusqu’à Bangui a représenté une opération d’envergure. La réception de cet avion cargo transportant 36 tonnes de matériel, des convois sécurisés et des équipes techniques mobilisées jour et nuit ont permis de transformer, en un temps record, la capitale centrafricaine en centre névralgique de la diplomatie économique africaine. “Il s’agit d’un événement important qu’on a pas l’habitude de recevoir et donc on a pas disponible à Bangui, le matériel disponible donc on a dû commander sur mesure pour l’événement d’environ 500 personnes avec des besoins spécifiques, plusieurs langues d’interprètes, etc. Et donc ce qu’on a aujourd’hui qui arrive dans ce cargo d’abord des grandes tentes de réception, aussi bien pour la réception des guests à l’aéroport que pour l’événement lui-même, et puis tout ce qui est technique.” Marc MANDABA, Point focal national pour le Caucus africain 2025 – Centrafrique 500 délégués ont effectué le déplacement pour participer aux débats enrichissants, les ministres des finances des pays africains, les gouverneurs des banques centrales, les gouverneurs africains du groupe de la banque mondiale et du FMI. A l’issue des travaux les participants ont sollicité à travers la “Déclaration de Bangui” l’augmentation des financements octroyés par les institutions de Bretton woods. “Nous félicitons le FMI et le Groupe de la Banque mondiale pour le soutien continu qu’ils apportent en matière d’aide financière, d’assistance technique et de conseils pour remédier aux difficultés du continent sur le plan des infrastructures et sollicitons l’augmentation significative des financements concessionnels octroyés par les institutions de Bretton Woods et les autres partenaires pour le développement afin de répondre à la demande croissante d’infrastructures modernes et résilientes.” Richard FILAKOTA, Ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération internationale – Centrafrique L’adoption de cette déclaration a constitué le point d’orgue de ces assises. Un texte qui traduit la volonté commune des pays africains de plaider pour plus d’équité dans l’accès au financement international, pour un soutien accru aux économies fragilisées, et pour la prise en compte des réalités africaines dans les politiques globales. Au-delà des débats, cette rencontre a offert à la République centrafricaine une vitrine diplomatique de premier plan. Car accueillir un événement d’une telle envergure constitue un signal fort de stabilité et d’ouverture, mais aussi une opportunité économique et politique pour Bangui. “Nos jeunes sont la réponse à la crise démographique mondiale. Notre pouvoir minéraliste, les changements technologiques extraordinaires ont été vus partout dans le monde. Et nos territoires sont très agréables et peuvent nourrir le monde. Mais ces solutions africaines, cette opportunité africaine, doivent être en termes africains, doivent bénéficier aux africains, et doivent catalyser la création de valeurs vraies sur le continent africain.” Tony ELUMELU, Président du groupe Heirs Holdings et de UBA – Nigeria Le Caucus africain de Bangui n’a pas seulement donné la parole aux décideurs politiques et financiers. La jeunesse africaine y a également trouvé un espace d’expression à travers le message inspirant de Kate Kallot, fondatrice d’Amini AI. Elle a rappelé le rôle essentiel de l’innovation technologique et du numérique dans la transformation du continent. “Parce que je crois en la construction de l’intérieur. Parce que je crois à Bangui, à Bissau, à Bujumbura. Parce que je crois que la prochaine révolution n’est pas en train d’arriver à la Silicon Valley. Elle est en train d’arriver ici : à Accra, à Kampala, à Yaoundé, à Harare. Nous ne sommes pas des notes de bas de page dans l’histoire de l’IA. Nous sommes les auteurs d’un nouveau chapitre, un chapitre légitime, un chapitre souverain, un chapitre inarrêtable.” Kate KALLOT , Fondatrice d’Amini AI – Centrafrique Pour les autorités centrafricaines, accueillir les représentants des 54 pays du continent + haïti, à Bangui constitue bien plus qu’un succès diplomatique. C’est un tournant dans la perception du pays, une opportunité de montrer une autre image de la République centrafricaine à travers les gouverneurs du FMI et de la Banque mondiale devenus, selon le ministre des Finances, de véritables ambassadeurs du pays. “D’abord c’est une note d’espoir pour la République centrafricaine parce que avoir reçu ces 55 pays ici en République centrafricaine c’est un, comme on le dit, un game changer dans le narratif justement sur notre pays parce que désormais nous avons des ambassadeurs, c’est ce que je disais tantôt, toutes ces délégations, ces gouverneurs du Fonds monétaire international et du groupe de la Banque mondiale qui sont venus ici vont désormais porter la voix de ce qui se fait en République centrafricaine et cette voix va changer la perception sur notre pays donc c’est un élément extrêmement important.” Hervé NDOBA, Ministre des finances et du budget – Président du Caucus africain 2025 – Centrafrique En marge des discussions techniques, Bangui a aussi vibré au rythme de ses traditions. La course des piroguiers sur l’Oubangui, les expositions artisanales, les soirées culturelles et les rencontres économiques ont donné une autre dimension à ce rendez-vous, alliant diplomatie et célébration de l’identité centrafricaine. Trois jours intenses qui s’achèvent comme une parenthèse de fraternité et d’ouverture, avant que le flambeau ne soit confié à la Gambie, prochaine terre d’accueil du Caucus Africain en 2026.
Par: LNC
Date : 27 Août 2025
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