

Les retombées du Caucus Africain sur la/le Centrafrique
Par Susan CARTER-JONES l LNC (Bangui, le 10 Août 2025 - LNC) Bangui n’a pas accueilli en vain la réunion annuelle du Caucus africain 2025. Cet événement a permis d’ouvrir la voie à des engagements stratégiques pour le développement national. Ainsi, la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC) s’est engagée à financer à hauteur de 2 milliards de FCFA un projet agro-industriel d’envergure porté par la société SIAD-CA SAS. Implantée à Pissa, dans la Lobaye (à environ 100 km de Bangui), cette initiative couvre près de 1 000 hectares et vise à produire chaque année 5 400 tonnes de manioc, 4 700 tonnes de maïs, 1 700 tonnes de soja ou de haricot, ainsi que 1 700 tonnes de moringa. Mai cela ne s’arrête pas à la production. Le projet intègre également l’installation de quatre unités de transformation industrielle, conçues pour valoriser localement les récoltes, créer de nouveaux débouchés commerciaux et générer des emplois durables. Une initiative qui s’inscrit dans une logique d’économie circulaire et de souveraineté alimentaire. Autre création majeure : le lancement d’un programme pilote de logements sociaux, destiné prioritairement aux fonctionnaires des secteurs de la santé, de l’éducation et de la sécurité. Ces infrastructures seront implantées en priorité dans l’arrière-pays, souvent défavorisé en matière d’équipements publics. Pour Marc Mandaba, Président du Conseil d’administration du FAGACE « Le but de ce projet, c’est de donner au personnel de la santé, de l’éducation et des forces de l’ordre des logements sociaux décents, notamment dans les provinces. » Et au-delà d’une réponse humanitaire, cette initiative vise à stabiliser les cadres de l’État en région, à renforcer le capital humain et à améliorer les conditions de vie des agents publics, socle indispensable à toute stratégie de développement. Le Caucus a aussi été l’occasion d’affirmer une volonté politique forte : donner la priorité aux entreprises centrafricaines dans l’exécution des projets nationaux. Marc Mandaba : « L’ère où les contrats financés par les partenaires ne profitaient qu’aux entreprises étrangères est révolue. Nous voulons garantir une part locale dans tous les contrats. » Grâce à la mise en œuvre progressive des projets pilotes, plusieurs entreprises nationales seront sélectionnées, formées et renforcées pour être à terme capables de gérer des marchés à grande échelle, tant en construction qu’en production. L’implication du Fonds africain de garantie et de coopération économique (FAGACE) marque également un tournant. Jusque-là peu actif en RCA, l’organisme entend offrir des garanties aux banques locales afin de faciliter l’accès au crédit pour les PME et surtout faire baisser les taux d’intérêt prohibitifs. Marc Mandaba : « Le coût du financement est un vrai problème dans notre région. Les PME sont parfois confrontées à des taux de 15 à 20%. Grâce au FAGACE, nous voulons couvrir 50 % du risque pour permettre aux banques de prêter à des conditions plus favorables. » Le FAGACE s’apprête ainsi à soutenir un futur fonds national de garantie, capitalisé avec l’appui de la Banque mondiale. Un mécanisme innovant pour booster l’investissement privé et accélérer l’industrialisation locale. Loin d’un simple événement diplomatique, le Caucus africain 2025 a permis de poser des jalons concrets pour le développement socio-économique de la Centrafrique. À travers l’agro-industrie, le logement, la promotion des PME et l’accès au financement, les autorités centrafricaines amorcent un tournant. Les défis restent nombreux, mais les décisions prises à Bangui ouvrent la voie à des transformations structurelles majeures pour le pays.
Section : Article
Sherpa: Lingun SUWAN Review: Valery MANSFIELD, Correction: Albert FALL
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